Les instruments à cordes sont de tradition très ancienne en Afrique. On les retrouve aussi bien sur des poteries que dans divers décors muraux, dans l’antiquité égyptienne, sous une forme très voisine de certaines de leurs formes actuelles. Selon certaines sources l’utilisation de tels instrument pourrait remonter à -1500 ans EC, sous le règne de la reine Hatchepsout, souveraine de la XVIIIe dynastie.

Instruments Égyptiens (dp)Instruments d'Égypte ancienne (dp)

 

Le principe d’une peau tendue sur un résonateur creux, amplifiant le son de cordes tendues sur un manche s’est largement répandu dans le monde, jusqu’en Chine avec le sanxian ou au Japon avec le shamisen.

Mike Seeger jouant du Gourd Banjo

Mike Seeger – Gourd banjo (DP)

Le banjo, dont on peut attribuer les origines au banjar égyptien (ci-dessus), à l’ekonting sénégalais ou au n’goni malien (ce point est très disputé !), a lui-même donné naissance à de nombreuses variantes et s’est intégré dans la tradition nord-américaine aussi bien au sein des orchestres de jazz « dixieland » ou « New Orleans » dont il est en partie indissociable (sous sa forme de banjo 4-cordes ou banjo ténor), que dans la musique traditionnelle de chants et de danses (style clawhammer) voire de chants de protestation (folksongs) sous sa forme banjo 5-cordes. Il s’est aussi inséré dès le XIXe siècle dans d’autres répertoires traditionnels (musique folk) comme la musique irlandaise.

Le banjo connaît, depuis quelques années, un retour aux sources à travers la fabrication d’instruments naturels, réalisés en peaux d’animaux tendues et cloutées sur de véritables gourdes ou calebasses (cucurbitacées), avec des cordes en nylon voire en boyaux véritables, les gourd-banjos, au son doux et grave dont vous pouvez découvrir un grand nombre d’exemples sonores ici (joués dans le style du folklore nord-américain). Le principe de l’instrument bricolé, fabriqué à partir de rien est aussi une tendance forte largement répandue dans le monde et volontiers mise en ligne sur internet à travers le mouvement des « homemade banjos » réalisés à partir d’un simple tambourin, d’une boîte de cookies, ou d’un ustensile de cuisine.


Le n’goni ou xalam

N’goni (cc) RS-foto

N’goni (cc) RS-foto

Pris comme emblème par un de nos groupes fétiches, cet instrument existe sous des formes très diverses dans toute l’Afrique de l’ouest, variant d’une forme oblongue à une forme ronde en calebasse ou au contraire très compacte, plate et rudimentaire, et d’un cordage (et d’une technique) de luth à une configuration de harpe-luth (il peut comporter de quatre à sept cordes).

Elle rend un hommage appuyé à Basekou Kouyaté, qu’on retrouve dans un projet d’abord interrompu (qui avait donné naissance au film et à l’album Buena Vista Social Club de Wim Wenders), puis repris dix ans plus tard pour aboutir enfin à la rencontre prévue initialement entre musiciens maliens et cubains, sous la forme d’un album, Afrocubism, dont on peut voir ici la vidéo de promotion et là la page Facebook dédiée.

Un autre joueur prestigieux de n’goni est Moriba Koïta, qui fait partie de mes belles rencontres et à qui je consacrerai une page dès que possible. On peut l’écouter jouer sur cet extrait YouTube de son album « Sorotoumou ».

Le kamélé n’goni dont joue mon ami Bachir Sanogo est un instrument plus proche de la kora ci-dessous, dont il diffère surtout par un moins grand nombre de cordes (de six à douze).