Des histoires de boutons qu’on manipulait en temps réel.
Depuis les tous débuts de la musique électronique, on peut me considérer comme un créateur de sons. Au début, le premiers synthétiseurs analogiques ne disposant pas de solutions pour mémoriser les configurations sonores, on se débrouillait uniquement en temps réel, à l’expérience, et je peux re-proposer comme illustration à ce sujet ma prestation solo sur scène au Festival de Glastonbury en 1982. J’’ai commencé à évoquer cette histoire des synthés analogiques dans les pages qui suivent, du plus gros (le système modulaire RSF) au plus petit (le CS-01 Yamaha), d’autres suivront.
Une nouvelle logique imposée par le passage au numérique.
Au début des années 80, certains synthés analogiques haut de gamme proposaient quelques mémorisations de programmes de sons, mais il est clair que l’arrivée du DX7, numérique, avec ses 32 programmes internes et surtout ses cartouches mémoires que l’on pouvait copier en un instant, a considérablement changé les choses.
Yamaha, malheureusement, dans une démarche commerciale où le succès de l’appareil a beaucoup dû à ces possibilités d’échange et de copie, n’avait prévu aucun système permettant aux créateurs de tirer profit du temps qu’ils passaient à créer des sons. Avec le recul, c’était logique s’agissant de créateurs de synthétiseurs analogiques prestigieux comme le CS-80 : qui aurait pu anticiper de telles conséquences ?
Au début, l’excitation de la découverte et des échanges un peu « à égalité » avec d’autres programmeurs ont d’ailleurs semblé naturels à tous, mais quand on a vu certains sons se mettre à être utilisés commercialement très largement par des gens qui n’offraient absolument rien en retour, cela a refroidi les ardeurs de plein de « bénévoles » qui ont trouvé un peu amer qu’on puisse s’approprier et faire du profit avec des sons qui avaient représenté parfois des semaines de travail et pour lesquels ils n’ont jamais rien touché.
Gérald, par exemple, ne s’est jamais remis d’avoir été obligé de « livrer » gratuitement certaines de ses créations personnelles au « pape des synthés » (non, il ne s’agit pas de mon ami Vangelis !), et mon éditeur et ami Jean-Michel Reusser a failli s’étrangler quand il a appris que des sommes considérables avaient été gagnées en studio avec mon son Superbass, sans que j’aie jamais reçu le moindre centime de qui que ce soit ! Je le cite : « Grrr ! Si je l’avais su, à l’époque, ça ne se serait pas passé comme ça ! ». Car entre la recherche initiale d’un son de saxophone et le résultat final, il y avait eu bien des heures de recherches et de tâtonnements !
C’est un peu comme si les instrumentistes classiques considéraient le travail de leur luthier comme naturellement gratuit !
Et c’est d’ailleurs toujours une question d’actualité, s’agissant de la copie de programmes informatiques ou de musiques ! La fameuse question de la rémunération de la création.
Puis un saut majeur représenté par l’irruption du sampling (échantillonnage) et des instruments virtuels.
Le développement de l’échantillonnage et des instruments virtuels, désormais essentiel, n’y a pas échappé. On s’en sort comme on peut : je vous avais parlé des échanges de bons procédés que j’avais opérés avec la société Sample Modeling il y a deux ans : une démo sophistiquée en échange de la collection des instruments qui servaient à la réaliser.
On a passé une étape supplémentaire plus récemment, avec la réalisation, par mes soins, d’un balafon Wassolou virtuel dont je suis super-fier !
Il s’agit, en fait, de celui de Mamadou Diabate, qui m’a fait l’amitié de venir chez moi avec son magnifique instrument, d’en jouer note par note avec toutes les nuances possibles et imaginables, et de me laisser le sampler (échantillonner) sous toutes ses coutures.
Et en parlant de coutures, il est donc disponible chez Soniccouture, qui a bien voulu s’emparer de mes enregistrements pour en faire un fantastique instrument Kontakt.
Il est gratuit, enfin presque, si vous avez un compte chez SonicCouture. Sinon, inscrivez-vous et faites l’acquisition d’une banque de son pas chère comme CrowdChoir ou, bien sûr, découvrez leurs innombrables merveilles d’instruments virtuels, car ils en valent vraiment le coup.
Je ne jouerai jamais comme Mamadou qui est un maître, mais je peux m’enorgueillir d’avoir transformé cet instrument pentatonique en un instrument chromatique, comme vous pourrez l’entendre dans les exemples audio de la page. Bon balafon !