LOY EHRLICH
Je considère Loy comme mon grand frère « spirituel », celui dont finalement j’ai largement suivi les traces, que ce soit en ce qui concerne la musique, les lieux ou les gens ! Il a joué en Afrique avant moi, il a rencontré Youssou N’Dour avant moi, et fait tant d’autres choses des années avant moi !
Comme vous pouvez le voir sur la page wikipédia qui lui est consacrée, il a énormément bourlingué, d’artiste en artiste, de pays en pays… et ce trajet en zigzag n’a pas arrêté de croiser le mien, le plus souvent avec quelques longueurs d’avance : Gong, Didier Malherbe, Jacques Higelin, Youssou n’Dour, Jon Hassel, Lama Gyurmé même ! (il a participé à notre disque « The Lama’s Chants »).
Pour parler de notre rencontre, il faut remonter aux années 79-80, quand j’habitais chez mes parents. J’avais un piano droit dans ma chambre et, à angle… droit avec ce piano… droit (!) étaient disposées mes machines électroniques. Loy m’avait été amené pour la première fois chez moi par Agyemang, qui habitait alors chez nous. Il s’est simplement assis au piano, presque sans parler, et on a joué ensemble pendant trois quarts d’heure, sans rien se dire, au bout de quoi on est tombés dans les bras l’un de l’autre ! Il me semble lui avoir dit « tu es mon frère » ou quelque chose comme ça, tant il était évident qu’était née une vraie complicité instantanée entre nous.
La vie nous a ensuite séparés pendant plusieurs années : Loy est parti à la Réunion, où il a fondé le groupe Carrousel et a rencontré sa femme, Betty, avec qui il a eu trois enfants (Tatiana, Vali et, beaucoup plus tard, Tao qui est en train de devenir l’héritier musical de son papa). Quand il est revenu de la Réunion on s’est retrouvés (suivant à la lettre la chanson « Le Tourbillon » du film Jules et Jim !) dans le sous-sol de la rue des Saint-Pères où j’avais déménagé, et on a fait alors énormément de soirées « bœuf » informelles ensemble, pendant lesquelles il jouait des tablas, de la sanza, des claviers… c’est un multi-instrumentiste extraordinaire, beaucoup plus que je ne le suis ! Il a d’ailleurs, aujourd’hui, pratiquement abandonné les claviers pour se consacrer aux percussions et au Gumbass (pour la petite histoire, c’est moi qui ai donné son nom à ce nouvel instrument qu’il a créé, dérivé du Guembri, l’instruments des Gnaouas, auquel il a ajouté un manche de basse électrique). Je pense que c’est son goût pour la nature qui l’a éloigné des claviers et dirigé vers des instruments acoustiques à base de matériaux naturels. C’est une sorte de musicien… écologique !
On ne se voit pas très souvent avec Loy, mais toujours avec beaucoup de plaisir, et je le dis d’autant plus aisément qu’on s’est vus…. hier ! C’est ce qui a d’ailleurs provoqué la rédaction de cette page ! Je me suis dit à cette occasion : « mais comment n’ai-je pas encore parlé de lui ! ».
On n’a pas pour l’instant de projet commun et, à y réfléchir, nous n’avons pas fait tellement de réalisations ensemble, sauf peut-être en ce qui concerne Diogal puisque c’est Loy qui a réalisé ses albums, et qu’il m’a invité dessus. Diogal est un excellent chanteur et un homme très sympathique mais je n’étais présent qu’en « guest » sur ces réalisations et nous n’avons pas poursuivi le contact personnel au-delà.
Loy et Hadouk
Depuis plus de quinze ans désormais, la carrière de Loy est très liée à Hadouk, trio qu’il a créé avec Didier Malherbe, et Steve Sheehan. Ils ont réalisé de nombreux albums à succès et ils ont été récompensés du titre de « meilleurs formation de l’année » aux Victoires du Jazz 2007.
Hadouk est désormais un quartet dans lequel Jean-Luc Di Fraya a remplacé Steve Shehan (et ajoute une contribution vocale), et auquel s’est intégré le guitariste Eric Löhrer. Je vous laisse les découvrir dans l’extrait récent ci-contre.