Retour du Burkina Faso – Le rire

Je reviens d’un voyage au Burkina Fasso et au Mali, qui ne comporte pas de fait marquant mais qui confirme mon attachement de plus en plus fort à ce continent et que je souhaiterais expliquer pour éviter d’être associé aux phénomènes de mode qu’on a pu connaître dans les années quatre-vingt chez de nombreux musiciens… Il s’agit d’histoires d’amitiés, de goût pour des cultures, des ambiances, et des manières de voir la vie…

Prenons pour exemple le rire, très différent du rire toujours un peu contraint que nous pratiquons ici, et qui faisait dire aux colons autrefois que les africains sont « de grands enfants qui s’amusent de tout »… comme le rappelle François Béranger dans sa chanson « Mamadou m’a dit ». On dit que le rire est le propre de l’homme, il est pour moi non pas un signe de puérilité mais au contraire la plus haute expression de leur humanité.

Au Burkina Fasso (et dans les pays voisins) il y a une relation entre les différents peuples qui s’appelle la « parenté à plaisanterie ». C’est un droit accordé de s’insulter faussement, et c’est par la plaisanterie qu’on arrive à régler des conflits entre personnes. Ça doit correspondre à des codes précis qui m’échappent, mais il n’est pas rare d’entendre quelqu’un dire à quelqu’un d’autre « tu es mon esclave », d’une manière qui est perçue comme une plaisanterie et qui sert à dédramatiser les rapports entre les gens surtout ayant des habitudes ou des modes de vie différents. Ça remonte très loin dans l’antiquité africaine et c’est très bien décrit dans une page wikipédia spécifique accompagnée de liens intéressants

Le rire de joie, en Afrique, éclatant et spontané, peut intervenir avant même de dire bonjour à quelqu’un qu’on n’a pas vu depuis une semaine. Le rire occidental, par contraste, est désormais soit sarcastique, soit associé à un comique mais qui n’existe plus vraiment depuis que Raymond Devos, Desproges ou Coluche nous ont quitté.